Le merveilleux cauchemar sonore d’Arthur H
Le son a creusé sa propre grotte dans la colline de ma poitrine
Le Cauchemar merveilleux, c’est d’abord un recueil d' »espèces de petits contes » écrits par Arthur H, chez Actes Sud. Puis une sélection de ces poèmes ont été mis en son par la plasticienne sonore Léonore Mercier. Et de leur collaboration est née une installation nommée le Synesthésium, un dôme équipé de 24 enceintes, au sein duquel se joue l’oeuvre. Les spectateurs sont invités à prendre place sous l’édifice, dans des chaises longues, pour assister à un ballet sonore invisible, où chaque son se voit attribuer une trajectoire, grâce à des capteurs, un ipad, une « télécommande » manipulée comme une baguette de chef d’orchestre et un leap motion (si vous ne voyez pas ce que c’est : démo). Et voilà ce spectacle devenu pièce radiophonique, en 5.1 et binaural, pour Creation on air sur France Culture et pour nouvOson. Pour vous emmener virtuellement sous le Synesthésium. Le ticket d’entrée et les projecteurs en moins, mais la présence physique du chanteur presque palpable et le merveilleux de ce conte sonore intact.
Le son inflexible
Car le travail du spécialiste en son 3D de Radio France, Hervé Déjardin, a consisté à recréer l’espace du dôme et la circulation des sons et voix du spectacle, pour vous les restituer sur enceintes ou dans le casque, selon la partition exacte de la plasticienne sonore, Léonore Mercier. « Hervé et moi, se réjouit-elle, avons été agréablement surpris du passage du Synesthésium au binaural. Notre but était de rendre la voix d’Arthur parfois pesante, douce, subtile, légère, aérienne, terrienne, triomphante… Son placement dans l’espace et le choix de la bonne réverbération ont permis d’appuyer son jeu et d’obtenir plusieurs personnages« .
Le son tenace
Un mixage spatial réalisé horizontalement mais aussi verticalement, y compris dans la version binaurale (prévue pour l’écoute au casque). Il est désormais possible de virtualiser des sources sonores dans les hauteurs, comme si vous étiez survolés par un chant, un insecte, ou la voix de Brigitte Fontaine. Du son qui vous toise, vous enveloppe, vous chahute, pour un délectable cauchemar fantastique et acoustique. « Ce genre de composition excite l’imaginaire, conclut Léonore Mercier. Difficile de revenir à de la stéréo après !‘ »
Le son indéfectible
Cette création a bénéficié des recherches du projet Edison 3D, coordonné par Sonic Emotion labs avec Radio France, et financé par l’Agence Nationale de la Recherche.