« Penthesilea » de Pascal Dusapin au Festival d’Automne
Les Grecs de l’Antiquité racontent qu’Achille tua Penthésilée et, croisant son dernier regard, en tomba amoureux…
Écrire un opéra sur Penthesilea
À la fin des années 1970, le musicologue Harry Halbreich suggérait à Pascal Dusapin d’écrire une musique sur la scène finale de la Penthesilea de Kleist. Bien que cette œuvre ait immédiatement fasciné le compositeur, elle reste difficilement compréhensible. Et pourtant, dès cette première lecture, la question de la cruauté apparait de façon presque irrésistible…
Ce que je cherche en musique est une hétérogénéité de mouvements épars et multiples qui tentent toujours d’atteindre le rivage face à leurs origines. Composer n’est pas démontrer, c’est inventer des impulsions et des flux.
Pascal Dusapin, Une musique en train de se faire
Se confronter à la brutalité
Il y a quelques années, Pascal Dusapin décide finalement d’entreprendre enfin un opéra sur Penthesilea pour se confronter à la brutalité du texte. Le compositeur ressort de cette expérience de lecture intérieure très violente épuisé. Penthésilée est une œuvre inexplicable, obscure et irrationnelle, comme l’amour, comme la guerre. Elle est seule, abandonnée, désertée, elle est un gémissement sans espoir, une prière sans dieu.
Composer de la musique, c’est tenter une aventure ailleurs. Loin. Plus loin que la mémoire qui crépite en chacun de nous, au fil singulier d’un voyage parcourant les chemins les plus insolites de l’imagination.
Pascal Dusapin, Une musique en train de se faire
Crédits
Pascal Dusapin
Penthesilea
Opéra avec prologue, 11 scènes et épilogue sur un livret de Pascal Dusapin et Beate Haeckl d’après Heinrich von Kleist
Orchestre de Paris
Ariane Matiakh, direction
Christel Loetzsch, mezzo-soprano [Penthesilea}
Marisol Montalvo, soprano [Prothoe]
Georg Nigl, baryton [achilleus]
Paul Gay, baryton-basse [odysseus]
Noa Frenkel, contralto [oberPriesterin]
Thierry Coduys, dispositif électroacoustique accentus
Richard Wilberforce, chef de chœur
Roland Daugareil, violon solo
Philippe Béziat, mise en espace et réalisation