L’expérience musicale à l’ère du numérique : la playlist infinie des possibles
La newsletter de la radio de demain #269… Abonnez-vous Il y a 21 ans, Apple offrait un catalogue d’environ mille pistes audio à portée de clic via iTunes – et c’était, pour l’époque, déjà beaucoup. Cette semaine, la firme à la pomme annonce qu’elle a dépassé le cap des cent millions de titres… en doublant au passage Spotify et ses 80 millions de chansons disponibles, pourtant première plateforme de streaming audio en nombre d’utilisateurs. « Forever Young » : rajeunir les publics dans l’expérience de la musique en réseaux Ce concours de taille de catalogue (que personne n’écoutera jamais en entier) n’est pas sans rappeler la récente réponse d’Apple Music aux Spotify Sessions : des enregistrements originaux en live, mais avec l’argument qualitatif de l’audio spatialisé. Pour maintenir sa position de leader, Spotify poursuit ses manœuvres de séduction des jeunes utilisateurs : en plus de proposer une version gratuite ainsi qu’un tarif étudiant, la plateforme suédoise a l’ambition de tisser du lien entre les utilisateurs en incluant des expériences interactives et des espaces de partage. Et c’est exactement ce dont la Génération Z est friande. Dans une logique de consommation de la musique exponentielle grâce aux formats hybrides courts et un zapping musical épileptique, la tendance du moment sur TikTok est celle du sped up : des chansons connues dont le rythme est accéléré, et qui (re)deviennent virales. Un mode de réappropriation sonore opposé dans la forme à celui qui explosait en même temps que la pandémie : le slow + reverb, un refuge musical à travers des remix dont les sonorités émulaient une nostalgie d’un jadis inconnu. Les nouvelles générations déconfinent la musique, en y voyant un moyen d’expression adapté à leurs nouveaux modes de consommation à l’ère des plateformes. Renouvellement des formes en même temps que se renouvellent les formats : récemment, c’est de nouveau sur Fortnite que les mélomanes du métavers se sont réunis autour d’un concert virtuel, et des stars de la scène francophone y ont aussi fait un passage remarqué. Mais parfois, l’innovation sème derrière elle certains acteurs pourtant historiques de la musique : c’est la face B du vinyle. « Fight For Your Right To Party » : quand les plateformes font la loi… ou que la loi les rattrape Pour certains artistes, le choix avait été au départ idéologique – pensons au chanteur Neil Young face au controversé Joe Rogan, le premier ayant quitté Spotify l’hiver dernier. Mais pour beaucoup d’artistes et même des communautés d’auditeurs, le problème est structurel aux plateformes de streaming, à leurs systèmes de recommandation et de rémunération. L’industrie de la musique déplore par exemple l’impact négatif des plateformes de streaming sur la visibilité des artistes et l’émergence de nouveaux talents. Face au succès de TikTok et de son rôle croissant dans le secteur de la musique, qui rémunère les artistes par rachats de licences et non pas par royalties, la peur d’un écosystème financièrement hostile se fait ressentir. En conséquence, on assiste à l’émergence de réactions des pouvoirs publics et des plateformes elles-mêmes. YouTube lance des politiques de rémunération visant à équilibrer les bénéfices des deux côtés : celui des créateurs non titulaires des droits musicaux, et celui des artistes dont la musique est utilisée dans des contenus originaux (notamment les Shorts), les deux parties nourrissant mutuellement la visibilité de l’autre. Du côté de l’Etat, on a vu cette semaine la proposition d’un projet de loi par des députés français visant à taxer les plateformes de streaming musical. Outre-manche, la PRS for Music (la SACEM britannique, et dans sa lignée) propose suite à des litiges avec TikTok un outil permettant un meilleur suivi des métadonnées des artistes sur les plateformes, pour éviter de nouveaux vols de droits. Les créateurs de contenus mais aussi les marques se perdent dans cette zone encore trop floue sur le plan juridique, et cela va jusqu’à la suppression inexpliquée par les plateformes de contenus musicaux labellisés. C’était tout récemment le cas de ByteDance avec Sony Music. Dans cet infini des possibles et des offres des plateformes d’AOD, de plus en plus de repères viennent cartographier et délimiter les zones grises de ce territoire en défrichage… mais encore loin d’être structuré. Hic sunt dracones… |
Cette semaine
Amazon étend Alexa des maisons aux voitures. En savoir plus Spotify a publié les deux premiers épisodes du nouveau podcast original Kim Kardashian’s The System. En savoir plus La Ville de Paris et Bpifrance lancent le Fonds Parisien pour l’Innovation. En savoir plus Spotify rachète Kinzen pour analyser les podcasts. En savoir plus L’Observatoire Data Publica dévoile son enquête nationale sur la donnée dans les collectivités territoriales. En savoir plus |
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