Retour de Slush 2024 : vers une métamorphose de l’IA ?
Novembre 2024. La première neige danse dans l’air, recouvrant le paysage nordique d’un voile immaculé. Le froid vif pique les joues et rougit les bouts de nez, tandis que l’atmosphère s’emplit d’une énergie cristalline. Une énergie que je retrouve instantanément, alors que je passe le pas du premier hall d’entrée de Slush 2024.
Je m’appelle Iniz Becker et je suis responsable de l’open innovation à Radio France. Depuis quatre ans, je parcours les événements tech et inno, à la rencontre des écosystèmes (et de mes partenaires), des startups et des acteurs de la recherche. Mon objectif ? L’inspiration et la découverte de quelques pépites afin de mener des expérimentations avec les équipes de Radio France, dans le cadre du dispositif d’open innovation Sandbox Radio France.
Slush 2024, c’était ma première édition, mais le salon a été créé en 2008, me rappelle Aino Bergius (CEO de Slush) et Elin Dölker (Présidente de Slush). En cette fin d’automne, à la rencontre de la transition vers l’hiver qui s’annonce, les deux femmes annoncent le thème de l’année, Metamorphosis. Quelle(s) responsabilité(s) devons-nous prendre dès aujourd’hui en tant que founders, VCs, consommateurs ou simplement êtres humains ?
L’IA démystifiée par les Scandinaves
Première journée et premiers flocons. J’arrive devant le Messukeskus et une phrase donne le ton de cette “métamorphose” : create stories start with a chat, not a prompt. Welcome to a human-generated event (créer des histoires commence par une discussion, pas par un prompt. Bienvenue dans un événement généré à 100% par des humains).
Au cœur de l’événement et de tous les projets, le mot d’ordre, très symptomatique de l’actualité, reste en effet l’intelligence artificielle. Mais sa vision, compréhension et intégration aux solutions innovantes m’a semblé très différente de l’écosystème francophone et américain qu’on observe au sein de mon équipe et dans Hyperradio.
Benedict Evans compare l’IA avec la stratégie mobile : si au début du web 2.0 (souvenez-vous, c’était en 2010), une telle méthodologie était indispensable pour se démarquer, elle semble tellement naturelle aujourd’hui qu’il ne viendrait à la tête de personne d’en faire un pan de son business… Et si c’était pareil pour l’IA demain ?
Entre politique, vie privée, monde de la recherche, de l’entreprise et de la santé, les trois stages de Slush ont fait le tour du sujet de la responsabilité dans l’IA pendant les deux journées du salon. Le concours Slush 100 a d’ailleurs récompensé cette année trois startups axées santé : Dev Ally (qui veut faciliter l’accessibilité du numérique grâce à l’IA), Mohana (qui lutte contre la périménopause) et le lauréat Oasys Now (qui permet à chaque personne de tirer parti de ses données de santé pour prévenir ou guérir les maladies).
Des startups internationales : un tour du monde en 80 stands
Finlande, certes, mais aussi Allemagne, Angleterre, Belgique (wallonne et française), Bulgarie, Catalogne, Corée, Espagne, Finlande, France, Inde, Irlande, Islande, Italie, Lituanie, Pays Bas, Pays de Galles, Portugal, Turquie, USA (particulièrement Washington et Chicago)… La plupart des nationalités influentes dans la tech sont représentées et les startups foisonnent dans les allées égayées par de nombreuses plantes vertes.
Pour en savoir plus, il faut prendre le temps de s’arrêter aux différents stands, car mis à part le nom des entreprises et quelques écrans, vous ne trouverez aucune info au premier coup d’œil. Un fondateur m’a même glissé sous le manteau sa carte de visite, me chuchotant qu’il n’avait le droit à aucun papier ou objet sur son petit mètre carré.
D’ailleurs, aucun goodie n’est proposé sur le salon. Si vous voulez du merch, il faut se rendre au stand boutique de Slush, où vous pourrez trouver t-shirts et hoodies fabriqués avec des tissus recyclés.
Une ambiance chaleureuse, calme et joyeuse
Ce n’est pas la seule manière que Slush a de s’engager pour de vrai pour l’environnement : l’ensemble de la nourriture présente lors de l’événement est vegan. Sur le food court, vous trouverez ainsi des choix variés (et délicieux). D’autre part, du café, du lait d’avoine et de l’eau (plate ou pétillante) sont à disposition gratuitement partout dans l’événement.
Vous ne faites jamais la queue ! J’ai été très agréablement surprise de la qualité de l’accueil. Le lieu n’est jamais bruyant. La lumière est toujours tamisée. Vous ne sortez pas de votre journée complètement aplati par l’ambiance comme c’est le cas dans tellement de salons aujourd’hui. La “fameuse” After Party de Slush est un moment convivial. Plusieurs concerts ont lieu en même temps. J’ai particulièrement apprécié entendre des fondateurs, VCs, journalistes, etc. chanter (fabuleusement) du Queen, Despacito, High School Musical et autres Lady Gaga et Rick Astley – nous avons décidément tous la même culture. Cascada et Windows95Man (de l’Eurovision !) ont clôturé la fête.
Enfin, une particularité totalement locale qui m’a plu : l’énorme vestiaire (25 mètres de long ?) pour ranger les gros manteaux d’hiver (dont vous avez absolument besoin).
Des rendez-vous business décontractés
Le nombre de rencontres est assez impressionnant après seulement cet événement : de mon côté, je rentre avec 28 startups identifiées, de nombreuses connexions LinkedIn et une application My Slush à éplucher.
En amont de l’événement, il est possible d’utiliser l’application pour identifier les bonnes personnes et entreprises et organiser des rendez-vous business. Plus de 400 tables de rendez-vous sont disponibles pour rencontrer et défendre son pitch. En parallèle, une zone plus ouverte (1-on-1 point) permet de se retrouver pour discuter plus spontanément entouré d’œuvres d’art contemporaines dispersées aux alentours.
Slush, c’est pour moi des rencontres plus anecdotiques et inattendues. Que ce soit en faisant la queue pour récupérer votre badge dès l’aéroport, en rigolant ensemble pour comprendre comment fonctionnent les QR codes à l’hôtel… On parle à tout le monde, tout le temps et notamment dans les très nombreux side events, dans toute la ville et pendant toute la semaine.
Les sides events spécialisés : il y en a pour tout le monde !
Si Slush c’est deux jours, des sides events (plus de 500 !) sont organisés en parallèle pendant toute la semaine. Il faut absolument enquêter sur vos topics via l’app My Slush en amont de l’événement pour optimiser au maximum votre programme entre sessions pitch dans un sauna, démos, soirées et autres tables rondes.
De mon côté, j’ai opté pour une rencontre avec l’écosystème Future Media Hubs, dont je suis membre. Présentation sur l’avenir de la propriété intellectuelle dans les médias, pitchs de startups et présentation de Gisle Martens Meyer, artiste musicien contemporain.
L’année prochaine, c’est sûr, j’essayerais de me concentrer encore davantage sur ces moments de partage entre pairs.