L’été compliqué de ChatGPT
05 septembre 2025 par Thomas Biasci

L’été compliqué de ChatGPT

En plein cœur du mois d’août à la (quasi) surprise générale : c’est la manière un peu inhabituelle qu’a choisi OpenAI pour dévoiler la cinquième mouture de son modèle de langage. Après des semaines à faire monter la hype, la firme californienne assurait avoir repoussé les limites de sa technologie avec GPT-5, mais que nenni : les utilisateurs sont déçus. Le robot est moins chaleureux qu’avant, apparaît moins personnel dans ses réponses et pour certains manquerait même de créativité comparé à ses prédécesseurs. On attendait une nouvelle révolution et on aurait presque à faire à une désillusion.

Une IA vous manque et tout est dépeuplé

Tout avait pourtant bien commencé. GPT-5 n’est évidemment pas une révolution mais une mise à jour. Au lieu de proposer une suite de modèles aux noms peu évocateurs (o3 mini, 4o, GPT-4.5), OpenAI fait table rase et met à disposition un grand modèle capable d’orchestrer toute la famille et répartir les demandes en fonction des forces de chacun. Oui mais, la sauce ne prend pas.

La sortie de GPT-4o en mai 2024, accompagné notamment de nouvelles fonctionnalités vocales pour discuter de vive voix avec le robot, a encouragé une partie des utilisateurs à nouer, de façon presque imprévue pour OpenAI, une relation de proximité avec le chatbot. Depuis le début de l’année, les médias multiplient les reportages de plus en plus inquiétants sur des personnes ayant vécu un « réveil spirituel » avec leur robot, se déclarant en couple avec ChatGPT et ayant même demandé le modèle de langage en mariage.

Les IA doivent-elles être des supports émotionnels ?

Outre ces cas très étranges, il apparaît pour un nombre grandissant d’utilisateurs adolescents, que les chatbots soient devenus un ersatz de support émotionnel. Certains s’en servent comme d’un psychologue, d’autres comme d’un meilleur ami et d’autres encore comme d’un confident à qui on pourrait révéler tous ses secrets, mêmes les plus inavouables. Face cette crise, les professionnels de la santé mentale sonnent l’alarme. OpenAI, de son côté, vient de mettre en place un contrôle parental pour éviter les risques de suicide. Ce n’est peut-être pas le lancement dont rêvait la firme californienne pour sa nouvelle technologie révolutionnaire.

Si nous sommes aussi vulnérables à ces chatbots, c’est parce qu’ils nous procurent l’illusion d’une personnalité. À la fois avec leur traitement du langage très particulier, qui donne l’impression d’un « raisonnement », mais aussi parce qu’ils nous font croire à une sorte de permanence en prétendant garder le souvenir de nos conversations précédentes. En réalité, à chaque nouvel échange, le système relit l’intégralité du dialogue précédent pour générer une réponse – un fonctionnement coûteux pour les utilisateurs et pour l’environnement. Pour Ars Technica, il s’agirait presque de remettre en question l’interface conversationnelle des LLMs.

En tout cas, pas de quoi faire peur aux géant de la tech : lors de sa conférence annuelle du 20 août dernier, Google présentait une vision du futur dans laquelle tous nos appareils électroniques seraient intelligents, connectés et toujours sur nos doigts, nos poignets ou dans notre poche.