En son 3D sur les pistes de rallye finlandaises
C’est la deuxième fois que Radio France s’allie à Citroën Racing pour créer pour vous une expérience sonore aussi extrême. La première fois, vous étiez embarqué dans une séance de déverminage, à bord d’une voiture de championnat WRC, sur le circuit bitumé de Satory. Cette fois, nous vous emmenons plus loin et plus vite, dans la forêt finnoise. C’était l’été dernier, à quelques jours du Rallye de Finlande, en pleine séance d’essai. Un film à 360° réalisé par Vincent Pollaert de Firstage à l’image et Hervé Déjardin, ingénieur du son à Radio France, au son. Car ici encore, c’est bien le son qui fait la force de ce trip à fond la caisse.
Décor : des pins et des bouleaux, un sol spongieux, quelques lupins, de la mousse, des fougères, quelques êtres humains et une armée de moustiques, à 2 heures et demi de routes et de pistes d’Helsinki. Ici, quand vous demandez le lieu de RV, on vous répond en point GPS pour éviter d’attirer trop de curieux. Et aussi parce que les pistes n’ont pas vraiment de noms et que les adresses ressemblent à ça : Pirttikulmantie.
C’est dans cette région que se déroule le fameux Neste Rally Finland, autrefois appelé Rallye des mille lacs, l’une des épreuves les plus rapides et les plus techniques du championnat WRC. Ce territoire est blindé de panneaux “Attention, traversée d’élans”. Sauf que les élans ont tous déguerpi, en entendant arriver les vrombissements des équipes engagées qui, à chaque coin de forêt, font leurs séances d’essai.
Voilà comment ça se passe : dès 7h00 du matin arrivent sur zone deux semi-remorques, des camionnettes et un bolide. On installe les barnums pour abriter la logistique, les groupes électrogènes, les tonnes de pièces de rechange, le catering. Un campement monté et démonté chaque jour intégralement, pour se déplacer le lendemain quelques kilomètres plus loin, histoire de tester de nouvelles conditions de route : dénivelés, surfaces ou virages.
L’écho lointain du moteur
Les équipes payent cher le droit de se poser là, de couper la circulation, de disposer d’ouvreurs et fermeurs locaux avec talkies-walkies sur toutes les voies d’accès (pour éviter qu’un voisin ne se retrouve nez-à-nez avec la voiture), d’arracher la piste avec leurs quatre roues motrices et d’effrayer la faune. Mais passons, c’est le jeu. Nous sommes ici précisément pour capter cette flamboyante tonitruance. Et moi qui roule à vélo 365 jours par an, je dois l’avouer : le bruit d’un moteur, ça peut aussi être beau. Passé le hurlement spectaculaire du démarrage, l’écho lointain du moteur dans la forêt évoque le bruit d’un bourdon que l’on ne distingue pas, mais que l’on devine tournoyant dans le paysage.
Ici, en dehors du décor, frais et vert comparé à la base de Satory, ce qui change, c’est la topographie des lieux, et notamment les bosses. Ici, les voitures ont la réputation de “voler” ce qui oblige à arrimer solidement chaque appareil étranger dans le cockpit, pour éviter en cas de choc de blesser le pilote Craig Breen et le “copi” Scott Martin. Le rig de caméras, les enregistreurs, les micros et les câbles doivent pouvoir sans bouger d’un iota supporter des accélérations de plusieurs G. Nous avons donc déroulé des mètres de gaffeur, sorti ce qu’on appelle des “bras magiques” et déployé les Rilsan, ces colliers de serrage en plastique qui permettent de tout accrocher ou presque aux arceaux de l’habitable. Le tout sans déranger les mécanos et ingénieurs affairés autour de la voiture, dans un laps de temps très court entre deux “runs”.
Dans la forêt finlandaise, l’abus de décibel n’existe pas
Nouveauté aussi, l’intensité sonore. le premier jour, impossible de vérifier les niveaux entre les runs. Le son inexploitable. A Versailles, le pot était muni d’un silencieux, pour ne pas déranger le voisinage. Mais dans le silence de la forêt finlandaise, l’abus de décibels n’existe pas. Le son du moteur de près de 380 chevaux que Citroën promet “plus rauque et plus sauvage” a pu là-bas s’exprimer à plein. Au point de faire saturer les premiers enregistrements…
En dépit de ces nouvelles contraintes, le dispositif est resté peu ou prou le même : un micro multicanal et multi-arrimé entre les sièges des pilote et co-pilote, un micro canon pointé vers la boîte de vitesse, deux appoints arrière et surtout, cette fois, des plaques Schoeps micros collées à la carrosserie (voir ci-dessus à droite), au dessus du passage de roues, pour capter du grain, en l’occurrence les cailloux et la poussière soulevés par le roulage sur ces pistes de terre.
Le résultat est décoiffant. Crissant. A regarder, si possible avec un cardboard ou un masque de réalité virtuel. Mais à écouter IMPÉRATIVEMENT avec un casque audio !