Du vent en 3D plein les oreilles
« Qui voit Ouessant, voit son sang« , prévient le dicton. Les micros ne saignent pas, mais il faut reconnaître que certains ont souffert pendant l’enregistrement de ce documentaire intitulé « L’inspiration du souffle » pour Creation on air sur France Culture. Les bourrasques à 100 km/h, la pluie, les embruns, le sel, « ce sont des conditions extrêmes pour le matériel« , confirme le preneur de son, Frédéric Changenet. Ces micros, il a fallu leur faire faire le tour de l’île, à l’affût du son du vent. Pas simple : « Le vent, c’est du souffle, explique Frédéric. Ca ne fait pas de bruit en tant que tel. Ce sont les objets qui entravent son déplacement qui génèrent du son : un angle de mur, des fils électriques, un poteau, un rocher, un tuyau, des vitraux mal scellés… » Des obstacles repérés au préalable par Nathalie Salles, la chargée de réalisation, [obstacles qu’on vous met au défi de reconnaître à l’oreille – NDLC].
Mixage orienté objet
« L’inspiration du souffle », vous l’aurez compris, évoque le vent, le donne à entendre, à voir. Cette création est le fruit d’une collaboration entre le photographe belge, Jean-François Spricigo, Nathalie Salles et Frédéric Changenet. Jean-François Spricigo venait de passer un mois en résidence au sémaphore du Créac’h, sur la façade ouest de l’île, la plus ventée. Dans cette création, il évoque « le ballet des tempêtes« . Sa voix posée -et légèrement soufflée- tranche avec la brutalité du vent.
Car les rafales ici ont été spatialisées. Ce documentaire a permis d’expérimenter pour la première fois à Radio France la technique du « mixage orienté objet ». Une technique développée dans le cadre du projet Edison 3D financé par l’Agence nationale de la recherche, coordonné par Sonic Emotion labs et dont Radio France est partenaire. Cette technique de mixage permet de placer une multitude d’objets sonores dans l’espace, donc de créer une parfaite immersion, avec la possibilité in fine de générer tous les formats techniques possibles que nous exploitons aujourd’hui à Radio France : du WFS (pour diffusion dans des salles équipées) à la stéréo, en passant par le 5.1, le 8.0 ou le binaural. « Ce n’est que le début de l’aventure, prévient Frédéric Changenet, mais je suis convaincu que ce sera la façon de produire de demain« .