« Fluid Mechanics » de Benjamin De La Fuente et Samuel Sighicelli

Concert immersif inédit pour Création Mondiale.

Réseaux

Selon l’écrivain Julien Gracq, la ville existe davantage par les trajectoires et parcours qu’elle dessine que par ses édifices. Bruno Latour invente même la notion d’acteur-réseau : les différences sociales, les zones, les axes sont indissociables des expériences de circulation. Et il ne s’agit pas de circulation géographique uniquement, mais aussi de circulation à travers les multiples strates que revêt la ville, jusqu’à la plus symbolique.La ville est polyphonique. Elle est comme un corps polymorphe qui s’articule à travers le temps et l’espace, constitué autant de subjectivité que d’objectivité. Elle est tour à tour un individu dans l’action et un paysage qui parle.L’immersion et le langage musical peuvent amener l’auditeur à cette expérience.

Immersion, sensation

Le dispositif de diffusion du son en multiphonie autour du public n’a rien de nouveau. Encore faut-il qu’il sonne véritablement, qu’il soit convainquant, qu’il ait une portée poétique. Ce qui nous intéresse est de lui donner un caractère singulier dès l’écriture même de la musique. Ce caractère est donné d’un côté par une utilisation radicale de la spatialisation, mais également par le travail de traitement en temps réel des instruments pendant la performance, préparé au cours de résidences à l’Ircam de septembre 2020 à janvier 2021.L’immersion est aussi obtenue par le mélange de sons réels (de la ville) et de sons musicaux. Ces sons injectent des doses de réalité plus ou moins importantes, plus ou moins objectives, selon les moments. La musique frôle la narration, les images naissent chez l’auditeur, le guidant dans ses sensations. On est parfois proche d’un cinéma pour l’oreille.

Langages

Outre le dispositif sonore, la circulation entre les divers médiums musicaux est un moyen de rendre perceptibles ces strates qui constituent la ville.La partition intègre quatre types de langages musicaux : une musique performative écrite pour les instruments classiques acoustiques (flûte, clarinette et quatuor à cordes), une musique plus directe et plus proche des musiques actuelles avec Caravaggio (guitare électrique, claviers, basse et batterie), une musique électronique extrêmement précise et ciselée, un travail sonore proche du cinéma (ambiances, réalité, sons concrets).Ces quatre « pâtes sonores » s’entrelacent et dessinent une partition très vivante, surprenante, contrastée, polyphonique, qui participent de la sensation hétérogène de la ville perçue néanmoins comme un seul corps en mouvement.

Crédits

BENJAMIN DE LA FUENTE
SAMUEL SIGHICELLI

Fluid Mechanics
(commande de Radio France – création mondiale)

CARAVAGGIO :
BRUNO CHEVILLON
basse, contrebasse, électronique
ERIC ECHAMPARD batterie, percussions, pad
BENJAMIN DE LA FUENTE violon, guitare électrique ténor, électronique
SAMUEL SIGHICELLI orgue Hammond, synthétiseur analogique, sampler

ENSEMBLE COURT-CIRCUIT :
ANNE CARTEL
flûte
PIERRE DUTRIEU clarinette
ALEXANDRA GREFFIN-KLEIN violon I
AYA KONO violon II
LAURENT CAMATTE alto
FREDERIC BALDASSARE violoncelle

BENOIT MEUDIC réalisation informatique musicale Ircam
LUCA BAGNOLI ingénieur du son Ircam

co-production Sphota, coopérative d’invention musicale, Ensemble Court-circuit, Ircam-Centre Pompidou et Radio France