Mortuos plango, vivos voco de Jonathan Harvey
C’est un ‘’classique’’ de la musique électronique contemporaine, une oeuvre pour sons concrets traités par ordinateur, une commande de l’Ircam à l’époque où Jonathan Harvey séjourne à Paris et y travaille en tant que compositeur en résidence, à l’invitation de Pierre Boulez.
« Cette œuvre reflète mes expériences à la cathédrale de Winchester où mon fils Dominique a été choriste de 1975 à 1980. Elle est fondée sur sa voix et sur celle de la grande cloche ténor. Cette énorme cloche noire d’une puissance surhumaine porte en inscription : « Horas avolantes numero mortuos plango : vivos ad preces voco » (« Je compte les heures qui s’enfuient, je pleure les morts : j’appelle les vivants à la prière »). Ce texte est repris par la voix du jeune garçon. La hauteur et la structure temporelle de mon oeuvre sont entièrement fondées sur le spectre très riche et harmoniquement irrégulier de la cloche, structure qui n’est ni tonale, ni dodécaphonique, ni modale à la manière occidentale ou orientale mais tout à fait unique« . Jonathan Harvey
Les huit sections de l’œuvre reposent chacune sur l’un des huit principaux partiels les plus bas. Les accords sont construits à partir d’un répertoire de 33 partiels ; les modulations entre les différentes zones du spectre sont effectuées par des glissandi.
Des transformations constantes entre le spectre d’une voyelle chantée et celui de la cloche sont réalisées par des manipulations sur les composantes internes des deux sons. Il faut imaginer que les murs de la salle de concerts enserrent le public comme les côtés de la cloche autour de laquelle vole librement l’âme du jeune garçon (cet effet est surtout perceptible dans la version originale huit pistes) ».
L’oeuvre est créée en 1980, une commande de l’Ircam. Stanley Haynes est le réalisateur en informatique musicale.